Entrevue morphine : Mike Ward jase avec Alain Gaudet

J’ai récemment été hospitalisé suite à un mal de ventre. Sous l’effet de la morphine, j’ai imaginé Mike prendre quelques minutes pour avoir de mes nouvelles après les événements… On a alors pris un train ensemble.
Mike : Qu’est-ce t’as fait là câliss?
Alain : J’avais mal dans graine, pis ma pisse voulait pu sortir. Tsé l’expression avoir les yeux jaunes? Ben moi, j’avais le toupet jaune!
M : Tabarnak man comment ça s’est passé?
A : J’étais parti à Montréal avec mon chum Tardjien pour voir Imagine Dragons, avant même le début du show ma vessie a décidé qu’à me faisait chier. Elle a complètement bloqué.
M : Ouff!
A : On a pas eu le choix d’arrêter à l’hôpital à Le Gardeur pour ne pas exploser. Au lieu d’aller voir Imagine Dragons, j’ai été voir Imagine Cathéter!
M : Pis là comment ça qu’tu viens juste de revenir chez vous, une semaine et demie plus tard?
A : Ben suite à l’épisode du cathéter, j’ai eu de plus en plus de misère à pisser et ultimement une pierre a bloqué un de mes reins. Heureusement, j’avais des antibiotiques à la maison fak j’les ai commencés. Malheureusement, c’était pas assez fort donc j’ai été rencontrer Imagine Morphine à l’hôpital de Trois-Rivières. Bloc opératoire, anesthésie générale, soins intensifs, sortie à coup d’pied dans l’cul.
M : Ah ouin, t’as pris de la morphine! As-tu buzzé?
A : Mets-en! J’en ressens encore les effets. Là, je suis en sevrage fak j’ai l’air de Bob Geldof dans Pink Floyd The Wall. Ya des p’tits anges qui sont venus m’aider à l’urgence et j’m’en souviens même pu. S’tait du criss de bon stock!
M : As-tu cruisé les infirmières mon cochon?
A : J’ai dit à une nurse qui s’occupait de moi que j’engageais et qu’elle pouvait aller postuler sur mon site nepaslacher.com. Deux minutes après, une vieille préposée fripée est venue me voir en me disant  «Est-ce que c’est vous qui embauchez?» J’ai demandé une shot de morphine avant de répondre.

M : Pis la bouffe ça avait l’air de quoi ?

A : De la purée pour les chats! Ils prennent des moules en plastique qui ressemblent aux légumes et aux viandes pis y criss de la purée de ce produit là dedans, mais la morphine était tellement bonne que la tourtière et les atocas étaient dignes du Charbon à Québec!
M : Qu’est-ce que tu retiens de cet’épreuve là?
A : Lorsqu’on va à la guerre, on perd tout le temps des soldats au combat. J’ai plusieurs p’tits anges qui s’occupent de moi habituellement, mais en période de vacances c’est plutôt difficile côté ressources humaines. J’ai dû faire faire des heures supplémentaires à quelques-unes. Aujourd’hui, je paye par leur grande fatigue et leur risque d’abandon. J’ai aussi perdu beaucoup de force dans mes bras à cause de la médication.
M : As-tu peur?
A : Peur de souffrir. Il y a eu des complications à l’installation de la sonde qui pourraient laisser des séquelles à vie. J’irais même jusqu’à dire que ça pourrait compromettre mon maintien à domicile.
M : À quel niveau?
A : Si je dois porter une sonde urinaire pour le reste de ma vie, ça risque de compliquer le recrutement du personnel qui ne sont pas nécessairement familier avec ce type de condition et d’équipement. Le problème se situerait aussi au niveau des transferts du fauteuil, au lit, au bain… la patente peut facilement arracher si on ne fait pas attention. Vraiment freakant!
M : Qu’est-ce que tu vas faire?
A : Cette semaine j’ai rendez-vous pour enlever la sonde. Si tout se passe bien, la vie reprend son cours aussitôt. Si non, ça va coûter cher de morphine et d’antidépresseurs…
M : Et si ça ne se passe pas bien?
A : Avec mon hospitalisation, j’ai eu un avant goût de la vie qui m’attend en CHSLD. À brailler man! J’ose même pas y penser. Voir s’effondrer tout ce que j’ai bâti en un coup de vent. Imagine ma déception…
M : Aimes-tu encore la vie?
A : Je suis encore trop proche des évènements pour me prononcer, mais j’ai eu ma part de larmes et de découragement pour me rapprocher un pas de plus vers la cause du suicide assisté. J’suis fatigué Mike… Mais annule pas Ward le Magnifique 4 encore, j’garde l’espoir à bout d’bras.
M : Ton prochain move?
A : Reprendre des forces au plus criss! Les antibiotiques que j’ai pris m’ont démoli ainsi que la semaine au lit pré-opératoire et post-op. Je dois aussi partir en recrutement dès que possible. J’anticipe une fin d’été chaude au niveau des horaires. Je continue aussi d’avoir besoin des après-midis le temps que je me rétablisse complètement. Ma mère est d’un grand support pour ces moments.
M : As-tu besoin d’argent?
A : Ton show bénéfice ainsi que ma magie de noël ont été de grands succès encore cette année. J’ai réussi à dégager des surplus qui me permettent quelques semaines par année pour du 24h/24. Je ne m’inquiète pas du tout à court terme. Mais si mes besoins ne diminuent pas, va falloir qu’on se parle. J’aimerais aussi remercier les gens qui ont spontanément fait un don pour me supporter dans cette aventure. S’il y a du positif à voir dans tout ça, c’est l’absence de stress à ce niveau, ce qui me permet de mettre l’emphase sur ma guérison et sur la reconnaissance que j’ai envers mes p’tits anges.
M : Avant qu’on se fasse crisser en dehors du train, as-tu autre chose à dire?
A : Oui, j’ai la poche pleine! Veux-tu m’aider à m’vider?….t’inquiète, je parle de mon sac-à-pisse qui est sur le bord d’exploser!

Écriture: Alain avec l’aide des p’tits anges Joëlle et Caroline

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