Lagacé veut mourir à 69 ans

Lagacé a bien écrit encore ce matin. Allez lire son article sur La Presse+. En voici quelques extraits :

Ma mère n’aura jamais su ce que c’est de n’avoir qu’un seul bain par semaine, dans son CHSLD. Mon père ne vivra jamais l’embarras de me cacher qu’il aurait bien besoin de couches, malgré les odeurs difficiles à expliquer…
Et je ne les verrai jamais dépérir.

[…]Constat numéro un : la gériatrie est un des parents pauvres de la médecine, ce qui est une mauvaise idée quand un pays produit des vieux à la pelle.
Constat numéro deux : les résidences pour vieux sont parfaitement adaptées aux besoins de tout le monde – les administrateurs, les infirmières, les enfants des résidants, le système qui les finance – … sauf des vieux eux-mêmes.

[…]Le naufrage de la vieillesse, amplifié par un déficit d’imagination. Que j’aime cette image. La vieillesse, parfaitement synchro avec les autres phases de l’organisation de nos vies : minées par un déficit d’imagination.

Je me bats pour mon maintien à domicile depuis plusieurs années. Vous ne le savez peut-être pas, mais dans mon for intérieur,  j’ai aussi un rêve secret que je vous livre aujourd’hui.

Patrick dit qu’il veut mourir à 69 ans. Comme David Bowie. 

Il sort des statistiques que les femmes ont une espérance de vie en santé de 71,2 ans. Ma mère vient d’avoir 73. Toujours en bonne forme (Dieu merci !) Elle a dédié sa vie entière pour mon frère et moi. Elle a fait des sacrifices professionnels et financiers pour travailler comme couturière à la maison pour pouvoir être avec moi. Pour me voir grandir malgré mon sévère handicap. Quand je sortais le soir, très tard à l’adolescence, elle dormait sur le divan en attendant que je revienne aux petites heures du matin. 
Lorsque j’arrivais, je la regardais dormir. J’avais les yeux pleins d’eau, je la trouvais si belle et bonne pour me donner ma liberté. Parfois, je me demandais comment un jour je serais capable de lui redonner sa liberté à elle si on la lui enlevait. Je la réveillais lentement. Je chuchotais son nom pour la réveiller tout en douceur.
Elle me prenait dans ses bras, toute endormie, pour me coucher dans mon lit, même quand j’étais buzzé ou en état d’ébriété. Il était parfois deux ou trois heures du matin. Elle n’a jamais critiqué ou jugé mes expériences d’adolescent rebelle. Elle a toujours veillé au grain. Comme la bonne mère qu’elle est encore aujourd’hui.
Je rêve maintenant de moyens suffisants pour lui redonner tout l’amour qu’elle nous a donnés, mon frère et moi. Je rêve de lui offrir la qualité de vie que j’ai présentement. Je rêve d’amour, de patience et de compassion pour elle jusqu’à son dernier souffle. Je rêve de lui tenir la main et de la voir sourire.
Tu peux dormir tranquille. Je vais veiller sur toi, maman. Comme un bon fils reconnaissant. xxxxxxxxx 

Source : commons.wikimedia.org
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