RIP Yvan Tremblay, au nom du socialisme liberticide

Cet article est aussi publié dans le >> magazine du Mouvement Citoyen Handicap-Québec <<

Yvan Tremblay s’est récemment enlevé la vie (article ici). Je ne connaissais pas le type. Pourtant, j’ai l’impression de me voir au travers les lignes de cette triste histoire de désespoir extrême. Il vivait depuis bientôt 10 ans dans son appartement bien adapté à sa condition. Il était paralysé du cou aux pieds. Sa famille avait réussi à lui inventer des gadgets qui l’ont rapproché d’une certaine autonomie.

Depuis plusieurs mois, il était contraint de quitter son logement adapté du Domaine Vittie & Desjardins en Montérégie pour des raisons de sécurité incendie. Les administrateurs le voulaient coûte que coûte en CHSLD. Comme si ça allait lui sauver la vie…
Les normes de sécurité ayant été renforcées suite au tragique incendie de l’Îsle-Verte, le gouvernemaman se devait de brimer le droit d’une infime minorité, encore une fois. Dans la foulée de la tragédie de l’Îsle-Verte, j’avais écrit ce court texte en janvier 2014 (texte ici).

La société dans laquelle nous avons l’impression d’évoluer présentement, n’est en fait, qu’une pure et simple prise de contrôle total de tous les aspects de la vie ses citoyens. Aucune place pour la liberté, le choix, ni la responsabilité individuelle.
Avez-vous déjà été consulter le Code de construction, ce fameux Code national du bâtiment (CNB) ? C’est d’une complexité désarmante. Comme si la vie en société était un immense casse-tête et que l’Étata était en mesure de tout encadrer pour sauver des vies, à tout prix. Quelle naïveté, quel populisme…
Pour ceux qui vivent dans l’insécurité, si les centaines de lignes de texte du CNB et le travail des fonctionnaires déconnectés et des architectes rêveurs vous réconfortent, grand bien vous fasse. Pour ma part, je fais confiance en la vie, en mon autonomie. Je vis pleinement chaque journée comme si c’était la dernière page de ma biographie. Je ris et je m’ennuie, je pleure puis je souris. Je porte une grande attention à ma sécurité, je me protège du mieux que je peux selon mes connaissances et capacités. Je vis. Responsablement.
Dans une implication communautaire précédente, il y a plus de 15 ans, nous avions fait construire un bâtiment pour héberger 12 personnes lourdement handicapées. La loi obligeait déjà à installer des gicleurs partout dans l’immeuble. Plusieurs années plus tard, une personne qui siégeait toujours au conseil d’administration m’a informé que le système de gicleurs avait été débranché à cause de toutes les fuites d’eau qui avaient été mal colmatées au fil des années. Des problèmes d’infiltration d’eau et de moisissures avaient aussi été décelés. Vous imaginez le danger pour la santé ? Sans parler des contraintes de démolition et de reconstruction que ça pourrait impliquer ! Avec la philosophie du plus bas soumissionnaire, il ne faut pas rester surpris de ces résultats à moyen et à long terme.
Ultérieurement, un deuxième édifice de 12 logements pour handicapés a été construit dans mon quartier pour satisfaire les exigences du nouveau schéma de couverture de risques en sécurité incendie. Ces 12 appartements adaptés étaient préalablement regroupés aléatoirement dans un immeuble d’une centaine de logements sur cinq étages. Le coût pour l’installation de gicleurs dans ladite tour à logements en béton armé était colossal.
Ils ont donc organisé des rencontres pour affoler les résidents concernés (comme dans Activités Paranormales) pour ensuite les forcer à déménager contre leurs volontés dans un logement beaucoup plus petit, érigé d’une banale structure de bois, recouvert d’un grand toit plat et des murs intérieurs « en carton ». Comble de l’idiotie, cette nouvelle résidence a été exemptée de l’installation de gicleurs pour des raisons de superficie… Les décideurs ont dû s’imaginer qu’il est plus facile d’évacuer 12 personnes au rez-de-chaussée avec une seule intervenante la nuit, plutôt que 12 chevaliers dissipés sur plusieurs paliers dans un château de roc et de mortier…
Quelle belle façon de ghettoïser un groupe de personnes handicapées au fond d’un stationnement, tous au rez-de-chaussée, sur la bonne terre des vaches et à la merci des passants malintentionnés.
Dans toute cette histoire de détresse de Yvan, j’ai plutôt tendance à rendre responsables tous les fonctionnaires et décideurs qui lui ont sournoisement mis la corde au cou, au nom du socialisme liberticide.
Yvan, repose en paix. Nous allons poursuivre notre combat avec les armes que tu nous as laissé en héritage.

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