Expulsion pacifique ou déresponsabilisation de l’État?

Pour faire suite à mon dernier article sur la rencontre avec une responsable de l’office municipal d’habitation (OMHTR) au sujet d’une législation interdisant l’aménagement d’appartements spécialisés pour une clientèle de personnes lourdement handicapées.
En 1997, l’OMHTR n’avait [soi-disant] pas consulté les responsables de la société d’habitation du Québec (SHQ) avant d’intégrer le projet d’hébergement communautaire à but non lucratif réparti sur plusieurs étages de la Résidence Saint-Laurent. À ce qu’il paraît, cette loi a toujours

été en place, mais jamais personne, ni à la Régie du Bâtiment, ni à la SQH n’ont jamais allumés dans la quinzaine d’années, où ils ont eux-mêmes financés les projets des gens qui y ont habité librement toutes ces années…
En d’autres mots, les gens qui émettent et font respecter les règlements sur la sécurité des bâtiments, ont financé aveuglément durant toutes ces années, la rénovation et la construction de logements adaptés pour une clientèle qui n’aurait jamais dû d’y entrer… Et aujourd’hui, comme en se réveillant d’un cauchemar, les avocats et administrateurs réagissent pour faire appliquer cette loi à la lettre, n’ayant aucune idée des répercussions sur les personnes concernées.
Deux catégories d’édifices touchent présentement mon dossier en rapport avec le code national du bâtiment 2005 (1.4.1.2) : le groupe C et le B2. Dans le premier, le code stipule « Habitation groupe C. : bâtiment ou des personnes peuvent dormir, sans y être hébergées ou internées en vue de recevoir des soins médicaux… » Le second groupe, le B2 indique : « Établissement de soins ou de détention groupe B : bâtiment abritant des personnes qui, à cause de leur état physique ou mental, nécessitant des soins ou des traitements médicaux, ou des personnes qui, à cause de mesures de sécurité hors de leur contrôle, ne peuvent se mettre à l’abri en cas de danger. » Et un peu plus loin on retrouve : « Résidence supervisée : d) assistance, soutien direct à une personne inapte physiquement ou mentalement à se mouvoir elle-même en cas d’évacuation ».
Bref, je suis un B2 dans un C… Un peu comme un chien dans un jeu quilles municipal ou provincial.
La loi étant claire, il y a peu d’options légales pour se battre et demeurer dans mon appartement actuel. Est-ce que la notion du droit acquis s’applique ? J’aimerais bien trouver un procureur pour répondre à cette question bien précise (peut-être même devant un juge).
J’ai alors demandé à la responsable qu’elles étaient les propositions que l’OMHTR avait faites ou allait faire pour ma relocalisation. Étonnamment, ils n’ont aucune unité résidentielle à offrir aux personnes dans ma condition. Même au rez-de-chaussée, le même règlement s’applique ! Tout le monde dans ma condition dehors ! En d’autres termes, nous sommes quelques-uns dans une situation précaire qui de vont devoir nous chercher (par nos propres moyens) un logement qui répondra à nos besoins. Ce qu’il y a d’inquiétant, c’est qu’il y a une pénurie de logements accessibles au privé. Le marché est grand ouvert, mais les promoteurs ne se bousculent pas aux portes pour construire des immeubles (malgré la très forte demande). Et s’il y a en aurait, le coût de location mensuelle serait au-delà de nos revenus donc, sans le programme de supplément au loyer, très peu de personnes handicapées auraient les moyens de signer un bail.
Au départ, il y a deçà environ 4 ans déjà, j’étais entré en contact avec le responsable d’un organisme qui gère un parc d’appartements adaptés en Mauricie (Centre de réadaptation InterVal). J’avais le pressentiment qu’un jour j’aurais besoin d’un plan B (B2?). Il m’avait conseillé de mettre mon nom sur une liste d’attente dans le but d’être sélectionné pour obtenir un logement équivalent dans différents secteurs de la ville de Trois-Rivières. Mais que j’avais très peu de chance d’être sélectionné parce que j’étais déjà dans un logement adapté et subventionné. Mon pointage resterait toujours trop bas par rapport à une autre personne dans un logement non accessible. J’avais donc donné mon nom, mais en ayant peu d’espoir d’être appelé. Encore une foutue liste d’attente…
Donc la demande chemine à InterVal, mais si j’ai déjà 4 ans de passé, combien en reste-t-il avant que le téléphone sonne ? L’option ultime que l’OMHTR envisage à long terme n’est nul autre que le centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD). Imaginez le topo : moi, présentement dans 741 pieds carrés, déménager dans une chambre à 4 bénéficiaires avec des rideaux jaunis par la détresse et la lourdeur de la vie… Et que dire de la qualité de personnel que je perdrais au profit de militants syndicaleux malheureux comme je ne le serai jamais… J’en ai des frissons dans le dos…
Y a-t-il un généreux propriétaire de maison ou de bloc appartement dans la salle ???
J’ai l’impression d’être victime de la déresponsabilisation du rôle premier de l’OMHTR mais de façon très subtile…
L’Office municipal de Trois-Rivières a pour mission de :
  • gérer des immeubles d’habitations à loyer modique pour des personnes ou familles à faibles revenus, des personnes âgées, des personnes handicapées et des personnes ayant des troubles de santé mentale ou vivant des difficultés de nature psychosociale et des personnes victimes de violence;
  • apporter un support psychosocial et collaborer à la mise sur pied d’activités de prévention et d’entraide à la clientèle jeune ou adulte;
  • participer au développement de logement social et du logement à prix abordable sur le territoire de la ville;
Quoi ? Gérer des immeubles d’habitations à loyer modique pour des personnes handicapées… mais pas trop handicapées sinon on les retourne au secteur privé… Paradoxal n’est-ce pas ?